Un des films de guerre les plus vrais qui se puisse voir se déroule en Louisiane. Il n’y a pas eu de guerre depuis bien longtemps en Louisiane; pourtant cette aventure parait mille fois plus plausible que les Full Metal Jacket et autres Platoon.
Nous sommes en 1973. En pleine paix. Dans un État des USA. Pas la moindre menace d’émeute raciale. On ne signale même pas un fou isolé qui joue les Rambo.
Quelques réservistes de la Garde nationale sont convoqués pour un exercice de routine, une de ces marches d’orientation pas trop pénibles, où il ne se passe rien, si ce n’est l’espoir, à la fin du crapahut, d’aller voir les filles.
Seulement, des pluies ont grossi les bayous et il faudrait faire un long détour pour rejoindre le point de rendez-vous.
Alors nos GI amateurs voient un canot et, pour rire, l’un d’eux tire une rafale de fusil-mitrailleur sur les péquenots qui les insultent depuis la rive d’en face. L’arme est charges de balles d’exercice.
Les paysans n’aiment pas qu’on vole leurs affaires ni qu’on leur tire dessus. Même avec des munitions à blanc. Alors ils ripostent. La patrouille compte son premier tué, d’une balle qui lui explose le crâne.
La douzaine de guerriers amateurs de ce groupe de combat rigolard va devenir gibier pourchassé. Les naturels du coin abattent les uns après les autres les intrus. Sans pitié.
Il faut dire que ces indigènes sont des Cajuns, de lointaine origine française (ce qui exige quelques sous-titres particuliers dans la savoureuse version originale). Trappeurs, chasseurs, pêcheurs, bûcherons, lis sont chez eux dans les marais et les forêts inondées.
Il ne reste finalement que deux survivants qui arrivent dans un village. On y tue justement le cochon. Et pourquoi pas aussi le soldat de passage qui débarque en plein folklore?
Ce film reprend la bonne recette américaine de La Patrouille perdue (1934) ou soviétique des Treize (1936).
Cette fois, ce qui compte encore plus qu’une haletante chasse à l’homme, c’est le décor de la Louisiane et surtout la présence de la population. Cela fait quand même plaisir d’avoir des cousins aussi sauvages.
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Southern Comfort. Un film de Walter Hill, 1981. Titre de la version française: Sans retour.
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