Comme on le sait, de nombreuses études tendent à placer Jésus dans le milieu des Esséniens. Ces derniers étaient d’un coté une sorte de secte hébraïque, de l’autre des médecins et des étudiants; ils se vêtaient de blanc, et au culte hébraïque ils semblaient ajouter des éléments d’un culte solaire. Leur présence est attestée en Palestine à partir du IIe siècle avant J.C.
Or, souvenons-nous que:
– Jésus naquit en Galilée, un nom qui rappelle celui des Gaulois [Galli], et d’après le Saint-Suaire, il avait des traits «indo-européens»;
– «Esus» est un surnom du héros mythologique celte Cuchulainn ainsi que d’un dieu celtique;
– Au IIIe siècle avant J.C., les Celtes (= les Gaulois) étaient présents jusqu’en Méditerranée orientale et avaient constitué un royaume des Galates dans l’actuelle Turquie;
Il ne semble pas déraisonnable de supposer que les Gaulois, à la fin de leur avancée vers le sud-est de la Méditerranée, avaient établi un avant-poste en «Galilée» (c’est-à-dire la «terre des Gaulois») et que donc les Esséniens, attestés à partir du siècle suivant, étaient nés du mélange d’éléments hébraïques et du druidisme celtique. Ceux-ci avaient continué à avoir des rapports fraternels avec les représentants de la mère-patrie celtique (c’est-à-dire la France actuelle ainsi que les Iles Britanniques, peut-être étendue à l’Espagne «celtibère» où se trouve encore une «Galice»). Dans ce groupe était né Jésus, dont le nom est en vérité presque identique à l’Esus celtique. Après la crucifixion, lui ou sa famille s’étaient réfugiés en Gaule, où ils avaient trouvé un milieu extrêmement favorable pour la diffusion du message. De là vient la tradition de Marie-Madeleine en France, de Joseph d’Arimathie (qui était probablement un membre de la même fraternité, comme Nicodème et Lazare) et des récits celto-chrétiens du Graal. Par conséquent, alors que Pierre et Paul exportaient à Rome une doctrine fortement hébraïsée et romanisée, pendant ce temps se diffusait peut-être en Gaule, dans les milieux druidiques encore bien présents à l’époque romaine, un christianisme «celtisé», basé sur le souvenir du grand «druide» né en Palestine. Peut-être est-ce à l’origine du christianisme celtique, des connotations ésotériques prononcées, qui des siècles plus tard avaient laissé une forte empreinte sur le monde médiéval (pensons à la «matière de Bretagne», aux cathédrales gothiques, aux Cisterciens, à Saint Bernard, aux Templiers…).
Et Constantin? Celui-ci, au début du VIe siècle, s’imposa à Rome en venant de York (la Eboracum romaine, en Angleterre méridionale, dont il était le gouverneur) avec une armée celtique (avec la croix sur les boucliers, «logo» typiquement celtique). Il n’est pas absurde de penser que dans cette armée s’était déjà diffusé le message chrétien (probablement véhiculé par le druidisme de l’autre coté des Alpes): Constantin avait donc – voilà la raison du succès de sa politique de christianisation – pour ainsi dire réuni les deux tronçons, le tronçon «celtique» de son armée et le tronçon «romanisé» d’un christianisme qui s’était entre-temps développé à Rome grâce à Paul, Pierre et les successeurs de ce dernier, et qui jusque-là avait été persécuté.
Ainsi peut s’expliquer d’un coté la singularité du christianisme celtique et de ses légendes, de l’autre la défense obstinée et constante de l’Eglise catholique par la France, prolongée même jusqu’à l’intervention de 1849 contre la République Romaine, et donc pas seulement liée à la géopolitique. D’autre part, encore aujourd’hui, le christianisme, bien que romanisé, est le drapeau de l’Irlande, c’est-à-dire la terre où se sont maintenues le plus vivement les antiques traditions celtiques.
En tous cas le christianisme, vu sous cet éclairage, apparaît en fin de compte – à part le génie de son fondateur – comme le produit de quatre cultures distinctes, dont chacune a apporté sa contribution spécifique:
(1) la celtique, remontant directement à Jésus mais aussi probablement aux Esséniens et au «bain» initial en terre gauloise – d’où non seulement le cycle suivant du Graal, mais aussi les influences «indo-européennes» déjà reconnaissables dans les Evangiles, dont par exemple la parabole des vierges qui devaient garder l’accès du feu dans l’attente de leur époux: c’est le concept des «épouses du Soleil», que nous retrouvons dans les Vestales romaines mais aussi chez les Incas; ou encore la référence aux «portes de l’Enfer» (concept astronomique présent dans Homère ainsi qu’en Inde et en Iran) et les clés d’or et d’argent de Pierre, d’où le drapeau jaune et blanc du Vatican.
(2) l’hébraïque (évidemment; peut-être due plus à Pierre qu’à Jésus lui-même; du reste nous connaissons bien la faible sympathie qui s’est maintenue entre juifs et chrétiens jusqu’à l’époque actuelle);
(3) la grecque (avant tout chez les Pères de l’Eglise; mais nous pensons aussi à des concepts comme «tendre l’autre joue», concept socratique encore plus qu’évangélique, repris mot à mot dans le Gorgias de Platon, ou au tout aussi socratique «calice amer»);
(4) la romaine (le droit et les institutions ecclésiastiques).
En outre, les sources historiques disent que les Esséniens disaient une prière matinale en se tournant vers le Soleil. Le contenu de cette prière n’est pas indiqué; cependant, à notre avis, il ne semble pas trop hasardeux de conjecturer qu’il s’agissait en fait du Notre Père, transmis dans les Evangiles comme une prière enseignée aux disciples par Jésus en personne. En fait, relu sans préjugé, «Notre Père qui êtes aux cieux…» paraît être une claire invocation au Soleil (et celle qui suit est cohérente); de plus, «Donnez-nous notre pain quotidien» confirme qu’il s’agit d’une prière du matin, avant le début de l’activité de la journée. Relue dans cette optique, celle-ci semble pouvoir être directement reliée à l’Hymne au Soleil de Aménophis IV–Akhenaton, lequel à son tour pourrait avoir récupéré des aspects archaïques de la religion égyptienne, dans laquelle le thème solaire est bien présent, bien que fondu avec des apports d’origine Hyksos, qui d’après certaines études actuelles réalisées par des chercheurs de l’Université de Téhéran, ne semblent pas êtres sémites mais plutôt indo-européens.
En tous cas, en partant du lien pour ainsi dire «circulaire» qui semble unir les Esséniens et les Celtes à la figure de Jésus et au christianisme lui-même, il est possible d’expliquer beaucoup de choses jusqu’ici peu claires, à commencer par la diffusion extraordinaire que cette religion connut dès ses origines.
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(19 mai 2000).
Article publié dans la revue italienne Algiza, N° 14, octobre 2000. Traduction par Franz Destrebecq.
moinard
la fait que jésus est supposé être gaulois, a déjà été cité par Paul Lecour dans la revue "Atlantis".
Il ne faut pas s'étonner si la france est appelée" la fille aînée de l'église"
quelle honneur, mais quelle responsabilité?
Nephtys
Je suis passionnée de la vie de Jésus et après de multiples recherches, je suis tombée sur le livre "Jésus, des esséniens jusqu'à nous" d'Olivier Manitara et c'est ce livre qui m'a paru le plus proche de la vérité. Depuis, j'ai lu tous les livres du même auteur. Ce dernier vient de sortir un livre passionnant "Joseph, l'autre père de Jésus".
Nephtys
Pour en savoir plus sur Jésus dont je suis passionnée, j'ai trouvé ce livre "Jésus, des esséniens jusqu'à nous" d'Olivier Manitara. Cet auteur vient de sortir un livre passionnant : "Joseph, l'autre père de Jésus". Cela me semble le plus proche de la vérité.
Nemo
Pour les druides une vie valait une autre vie, la vie de Jésus valait toutes les autres vies… Depuis le jour de la crucifixion les gens boivent le vin au lieu de le gâcher en offrande. C’est bien la seule chose qui ait changé dans le monde celtique…